ZERO MANAGEMENT – 9 « Le management efficace »

ZERO MANAGEMENT – 9 « Le management efficace »

La seule explication à la réussite des humains réside dans leur capacité à collaborer pour un objectif commun (Sapiens – Yuval Noah Harari).

Ainsi, en analysant toute l'histoire de l'humanité, on en tire comme leçon que seuls les chefs qui ont réussi à fédérer des groupes d'humains importants ont pu assoir leur domination sur d'autres groupes d'humains. Mais pas seulement: Un individu ne survit jamais plus de quelques heures, seul, dans une nature hostile. Au contraire, un groupe organisé d'individus gagne contre n'importe quel environnement hostile, autre animal féroce ou groupe d'humains. Plus le groupe est homogène, fédéré autour de certaines valeurs, plus il devient puissant et efficace.

Empires et "Corporate"

C'est la même chose pour les entreprises. On en vient à considérer les empires, les royaumes, les nations ou les organisations "corporate" de plusieurs centaines de milliers ou de millions de personnes, comme ayant des dénominateurs communs, des valeurs communes, des croyances communes considérées comme évidentes. Des personnes qui ne se connaissent même pas, qui ne parlent pas la même langue, travaillent sur toute la planète pour la même entité. Un empire ou une société multinationale fonctionnent de la même manière. Pour que les gens collaborent efficacement au système, il faut une histoire en laquelle croire. Peu importe si l'histoire est vraie ou pas: La vérité est celle en quoi les gens croient.

Au delà de 150 personnes, le groupe ne peut plus fonctionner de manière simple car cela implique des problèmes de communication: distance et langue. Comment sont alors organisés ces immenses groupes de personnes ? Il y a toujours eu des "contributeurs de base", qui produisent et des "managers" qui décident des règles (lois), et qui coordonnent le travail des contributeurs. Pour qu'une organisation gagne, elle doit donc s'organiser en spécialités de contributeurs utiles pour le système: ouvriers, paysans, médecins, avocats, pompistes, restaurateurs, artistes, etc… Ces métiers contributeurs ont évolué dans le temps en fonction des besoins: D'abord beaucoup d'agriculteurs, puis beaucoup d'ouvriers et maintenant la plupart des productions sont orientées sur les services. Au fur et à mesure de la mécanisation des emplois pénibles, on a basculé vers des emplois utilisant essentiellement les capacités du cerveau humain, plus que sa puissance physique (qui est assez minable il faut le reconnaître).

De quel système parle-t-on ?

Toute l'économie mondiale est aujourd'hui basée sur l'exploitation des énergies fossiles, notamment le pétrole: "L'or noir". D'où les trajets en avion (la "jet set"), les importations lointaines de fruits exotiques ou de bois rares et le culte de la consommation, du frigo plein, de la télé, du foot et de la "bagnole". "Panem et circenses". Du pain et des jeux. Tout le monde a compris que ce modèle est à bout de souffle et comme les "contributeurs" ont besoin de croire dans une histoire commune, les sociétés vivent un "désamour" du système actuel par les individus contributeurs qui les composent ou bien se tournent vers d'autres histoires qui leur promettent le paradis sur terre (au détriment des "autres") ou le paradis après la mort… C'est très mauvais pour fédérer les gens autour de valeurs communes. Au contraire cela créé des conflits et des guerres. Nous en avons des exemples tous les jours. En quelles nouvelles histoires peut-on alors croire en remplacement de celles actuelles pour continuer à faire collaborer les contributeurs, tout en ayant une harmonie des humains ? C'est le challenge des gouvernants et de leur équivalent en entreprise, les managers.

Striatum et addictions.

Il est clair que le modèle social et économique actuel privilégie le cerveau reptilien des humains à savoir leurs impulsions (quasiment biologique) à survivre dans un environnement initialement hostile: la nourriture et la procréation. La volonté de domination sociale découle de ces deux besoins primaires. Or, seuls les "males alpha" vont disposer d'une nourriture (pas assez pour tout le monde au début des humains) et de toutes les femelles pour perpétrer leurs gênes. Ce n'est pas un jugement, c'est une description de tous les leviers de l'histoire de l'humain depuis son commencement. 

Lorsque la nourriture, grâce à l'agriculture et à l'élevage intensifs, est devenue abondante, le cerveau reptilien s'est gavé à travers le fameux "circuit de la récompense". D'où l'obésité galopante des populations dans les pays le plus avancés. La frénésie de consommation découle également de ce cerveau primitif et de son programme quasiment chimique de devenir le mâle alpha du groupe. 

Accumuler et paraître.  

Toute notre société actuelle est basée sur ce modèle -destructif de l'environnement- d'accumulation et d'apparence sociale (le gros 4×4, le manoir avec huit chambres, les vacances aux Seychelles, la résidence secondaire à Deauville, etc…). Tout est basé sur le cerveau reptilien, y compris la vie en entreprise: Les managers se disputent le pouvoir au lieu de travailler ensemble pour atteindre les objectifs de l'entreprise. Les contributeurs, eux, sont démotivés, car ils sont mal récompensés et n'ont aucune considération sociétale, justement de la part de ces managers. Ce sont les mêmes mécanismes de délitement que pour un pays et son peuple et, au final, pour toute l'humanité. (Le bug du cerveau humain – Sébastien Bohler ).  

Les deux piliers de l'ancienne économie.

L'individualisme et le consumérisme ont ainsi constitué les piliers de cette société actuelle et l'humain ne s'y retrouve plus, ni dans l'entreprise, ni dans la société en général.

Le virus COVID-19 et la crise médicale, puis économique qui en a résulté, a été le déclencheur d'une remise en cause du modèle économique et social basé sur le pétrole et, a surtout validé le nouveau modèle digital, déjà né au début du 21e siècle avec Internet : "Data is the new oil". Les gens ont découvert le télétravail et Zoom. Ils ont vu que cela fonctionnait. Les entreprises ont vu les économies qu'elles pouvaient en tirer tout en étant plus efficaces. L'humain s'adapte.

Cette économie digitale fonctionne différemment, avec un nouveau paradigme lié à la collaboration du plus grand nombre d'humains: le nombre d'utilisateurs fédérés– le modèle freemium, gratuit pour les services de base (free) et payant (premium) pour des services supplémentaires optionnels. La révolution digitale a ainsi généré un nouveau paradigme où les contributeurs (essentiellement de services) n'ont plus la nécessité de se déplacer dans des transports en commun défaillants, entassés comme des sardines, puis d'aller travailler dans des bureaux surpeuplés et bruyants pour effectuer les taches qui leurs sont attribuées. Zoom a ainsi fédéré plus de 300 millions d'utilisateurs en quelques semaines de confinement !

Ainsi, grâce au virus, la révolution digitale a déclenché un nouveau type d'organisation du monde: La "globalisation", ce qui n'a rien à voir avec la "mondialisation" capable d'importer des cerises en Janvier depuis la Mongolie ou d'organiser des séminaires de "travail" de tous les cadres d'une entreprise qui viennent en jet privé aux Maldives ou au Château de Versailles… La globalisation, ce sont des personnes situées n'importe où sur la planète, de différents pays, qui peuvent travailler simultanément sur le même sujet. Sans bureaux, sans déplacements. Bilan carbone amélioré. Coûts réduits. C'est un win-win global. 

Le secret du management efficace.

Dans ce nouveau monde global que je viens de décrire, sans bureaux et sans déplacements quotidiens, quel est le rôle du manager efficace ? Il s'agit d'animer, de coacher les équipes autour des objectifs fixés, de rappeler les valeurs de l'entreprise et sa vision, mais aussi d'aider les contributeurs en les accompagnant lors de difficultés rencontrées pour accomplir leur mission. C'est également recréer un tissu social avec son équipe afin de limiter les effets de désocialisation liés au télétravail.  

Je reviendrai sur ces points lors de mon prochain article sur les nouveaux jobs des contributeurs de l'économie globale. La "lean economy"Au lieu du "toujours plus" du cerveau reptilien, bienvenue à l'économie allégée du cerveau rationnel.

(c) MyDrop